<< La femme que j'aime est mon tourment. Je tressaille si elle passe, si j'entends le frôlement de sa robe; un mouvement imprévu m'effare...
On voudrait s'unir indissolublement pour l'éternité. L'âme descend dans cette autre âme, se plonge dans la nature étrangère, ennemie, en reçoit le baptême. On s'étonne que l'on n'ait pas toujours été ensemble. On tremble de se perdre; on s'effraie quand l'autre ferme les yeux ou que sa voix change. On voudrait devenir un seul être: fais de moi ce que tu es toi même. C'est un vrai suicide; puis vient la réaction, la révolte. On ne veut pas se perdre tout à fait, on hait la puissance qui vous domine, vous anéantit; on tente de secouer la tyrannie de cette vie étrangère, on se cherche soi-même.
C'est la résurrection de la nature >>
Oui, l'amour est une douleur, et la possession une délivrance; mais vous cessez de vous appartenir.
Sacher-Masoch
La Vénus à la fourrure